Kawangware Slum
10 November 2010 | Kawangware, Nairobi, Kenya
Mayou
Après avoir plongé dans la vie trépidente, colorée, épicée et polluée de Mumbai et avoir eu des hauts le coeur à la vue de bébés couchés à même les trottoirs, nous sommes arrivés au centre de Nairobi étonnés par sa propreté, sa modernité et son traffic plutôt raisonnable.
Au fil des 4 jours passés dans cette capitale, notre première impression s'est cependant gentiment affinée. Le fait d'avoir visité de nombreuses NGO au nom de notre fondation nous a permis de chevaucher des mondes aux couleurs bien différentes.
En dehors de l'oasis paradisiaque de Micky et Béatrice (hum, nos estomac s remplis de dahl baht étant si heureux de se faire gâter par tant de bonnes choses et de confort... merci encore !!! ) nous avons découvert le quotidien de femmes vivant dans les bidonvilles environnants. Des femmes ayant bien d'autres soucis que nous autres européennes. En vrac: - ne pas se faire abuser par son maître (pour les filles qui ont le privilège d'aller à l'école), -essayer de louper le moins de jours possible les cours quand elles ont leur menstruation et qu'elles n'ont pas les moyens de s'acheter des serviettes hygiéniques et qu'il n'y a pas d'eau courante à l'école,- ne pas se faire marier dès l'âge de 15 ans, -ne pas attraper le sida suite à l'infidélité de leur mari et se faire renier ensuite,- ne pas avoir honte de donner naissance à une fille, - oser avoir confiance en elle et donner son avis, -ne pas se faire voler son linge en train de sécher sur la corde par ses voisins, - ne pas se faire battre par son mari pour un rien et pour un non, - ne pas se faire mutiler sexuellement ou se faire violer par un proche. Bref, j'arrête la liste ici.
Naïma, Line et Anissa se rendent en tous les cas vraiment compte maintenant de la chance qu'on a en Suisse.
On ne peut que tirer le chapeau à toutes les femmes que l'on a rencontrées : elles luttent et cherchent par tous les moyens à transformer leur quotidien misérable en ouvrant notamment des petits commerces grâce à des micro-crédits ou en créant des groupes de soutien dans leurs quartiers afin de devenir plus fortes.
Toutes nos discussions tenues avec les diverses organisations non-gouvernementales que nous avons visitées nous font beaucoup réfléchir sur le sens à donner à l'aide au développement. Tant d'initiatives louables. Tant d'argent versé dans l'humanitaire, l'éducation et la santé. Mais que font les gouvernements de tels pays dans tout ça ? Beaucoup de NGO prennent malheureusement le rôle de ces gouvernements incapables .
Par ailleurs, la sécurité pose un sacré problème au Kenya. Tant de criminalité. De corruption. De violence. De conflits ethniques latents. Quel fossé entre les riches et les pauvres. Et pourtant, ce pays, avec ses savanes, ses parcs, ses animaux est un tel plaisir pour les yeux.