16 July 2020 | East River Point, NE
15 July 2020 | Hubbard, NE
21 June 2020 | Boothbay Harbor, ME
15 June 2020 | Spinnaker Island, Boston, MA
09 June 2020 | Gooseberry Island
06 June 2020 | Port Jefferson, Long Island, NY
04 June 2020 | Esat River
30 May 2020 | Reedy Island, baie du Delaware, DE
03 May 2020 | Georgetown, Caroline du Sud
27 April 2020 | Fernandina Beach, FL
08 April 2020 | Georgetown, Bahamas
31 March 2020 | Great Inagua, Bahamas
25 March 2020 | Île à Vache, Haiti
24 March 2020 | Cabo Rojo, République dominicaine
03 March 2020 | Viejo San Juan, Puerto Rico
29 February 2020 | Marina de Salinas, Puerto Rico
22 February 2020 | Ensenada Honda, Vieques
17 February 2020 | Christiansted, Saint-Croix
12 February 2020 | Charlestown, Nevis
Dernière escale
16 July 2020 | East River Point, NE
Francis | Le Soleil nous a abandonné! 15ºC

Après six mois et vingt jours, 7 500 km, 111 escales, 14 pays et une bouée de cage à homards, nous voici enfin arrivés à destination: East River Shipyard, Mahone Bay, Nouvelle-Écosse. C'est ici que Mikado III passera l'hiver. Elle y sera en bonne compagnie: Farfarer, la goélette non-étayée de 17,4m plan Nigel Irens et Pèlerin, l'Ovni 435 de Colin Speedie sont devant elle, leur propriétaire ne pouvant venir les rejoindre, COVID oblige...
L'étape finale a commencé par la traversée de la baie de Fundy depuis le magique ancrage de Cow's Patch, Head Harbor Island, Maine, à 0600 par temps calme et forte brume. Nous voulions profiter des jours plus longs pour faire le trajet de dix heures pendant le jour par crainte du traffic maritime supposé intense. Cependant, comme partout durant notre voyage cette année nous n'avons croisé que peu d'esquifs: un seul cargo et trois bateaux de pêche. Le seul pépin venait de la forte vibration engendrée par la corde de bouée de cage à homards enroulée autour de l'hélice. Je me souviens encore très bien des couleurs de la bouée de pêcheur que Mikado avait dévoré entre Bar Harbor et Cow's Patch (brun et jaune). Dans la brume épaisse je ne l'ai vu qu'au dernier moment. J'ai mis la transmission au neutre mais il était trop tard, les débris de la bouée traînaient lamentablement dans le sillon du bateau. Et au milieu des morceaux de polystyrène bruns et jaunes, un cordage de nylon qui nous retenait jusqu'à la cage au fond de l'eau. La mise en marche arrière semble avoir aidé la lame du coupe-orin à faire son travail mais le mal était fait: le cordage était enroulé autour de l'hélice. Et pas question d'aller plonger pour l'enlever: l'eau est à peine à dix degrés et j'ai seulement une combinaison de plongée de trois millimètres d'épaisseur. Parfait pour les eaux chaudes des Caraïbes mais on oublie ça pour les Maritimes en juin... ou n'importe quel autre mois.
C'est donc en boitant qu'on est finalement rentré au pays.
Les douaniers canadiens nous ont donné rendez-vous au quai de Killiam's Wharf à neuf heures du soir pour les formalités d'entrée au pays où tout le monde dans le cockpit a bien suivi les consignes sanitaires en vigueur avec port du masque et gants. Normalement, ils n'auraient pas estampillé nos passeports mais à notre demande nous avions ainsi une date officielle de début de quarantaine dans notre passeport.
La côte sud-ouest de Nouvelle-Écosse est restée sauvage et certains passages ponctués d'îles traversés par les forts courants ne sont pas conçus pour les marins d'eau douce. L'archipel des Tuskets en particulier ne doit pas être pris à la légère. Avec ses courants bouillonnants de plus de quatre noeuds, j'ose à peine imaginer le clapot qu'il peut y régner par vents frais.
Nous avons pris notre temps pour écouler notre quarantaine en route en faisant des sauts de puce de trente à quarante kilomètres chaque jour.
On a terminé notre quarantaine dans le beau port de Lunenburg, base de la goélette Bluenose II. On a pu célébrer notre fin de confinement en allant manger des palourdes frites et des fish & chips sur la terrasse du Fish Shack sur la rue Montague et en marchant dans les belles rues de Lunenburg par une des rares journées ensoleillées. On aurait bien aimé visiter le Bluenose ou le Musée des Pêches mais tout était fermé à cause de la pandémie. On remettra ça à l'année prochaine.
Pour le moment ce qui compte est de bien préparer Mikado pour qu'elle affronte l'hiver sans difficultés. Il y a maintenant plusieurs années qu'elle n'avait pas été hivernisée. Heureusement Roger avait préparé une liste exhaustive en 2009 pour son hivernage que j'ai gardé et développé. Merci Roger!
Souvenir du Maine
15 July 2020 | Hubbard, NE
Francis | Gris et frette!
L'infâme amarre de bouée de pêche
La course à obstacles
21 June 2020 | Boothbay Harbor, ME
Francis | Brouillard, 17ºC

Nous voici enfin arrivés au Maine, paradis du navigateur à voile, aux rives rocheuses échancrées parsemées de milles et une îles. Mais aussi aux millions et unes cages à homards qui sont la hantise du même pauvre navigateur.
Chaque détour cache une île, une baie ou une rivière pleine de surprises. Jouent du coude les cabanes de pêcheurs, les chalets coquets ou les châteaux grandiloquents. Aucunes n'émeut le loup de mer qui sort la tête hors de l'eau pour prendre une bouffée d'air et nous regarder d'un air blasé avant de retourner à la chasse aux poissons.
Cette belle côte mérite notre respect et la navigation n'y est pas toujours facile. À preuve, ce banc de brouillard épais qui nous a enveloppé tôt ce matin après notre départ de Ridley Cove et qui nous a accompagné durant tout notre trajet jusqu'à Boothbay Harbor. Heureusement le GPS, l'AIS* et le radar ont contribué à nous assurer une navigation sécuritaire. On avait beau naviguer dans la purée de pois, on ne sentait jamais désorienté. On pouvait se concentrer à louvoyer autour des bouées des cages à homards et surveiller les voiliers kamikazes qui prenaient un malin plaisir à prendre des bords devant nous.
Dommage qu'on doive se rendre en Nouvelle-Écosse rapidement car on aurait bien aimé plus profiter de cette région magnifique qui a tant à offrir.
*Automatic Identification System, qui permet de visualiser via les ondes radio sur notre traceur la position et le cap des autres navires.
Deux états par semaine
15 June 2020 | Spinnaker Island, Boston, MA
Francis | Qu’il fait frette!

Boston derrière le phare de Minots Ledge
C'est à peu près notre rythme de croisière actuel. En deux semaines nous avons traversé,
- New York,
- Connecticut,
- Rhode-Island,
- Massachusetts.
Ce soir, nous sommes ancrés au sud de Boston et nous ferons escale demain à Gloucester, près de la frontière avec le New-Hampshire. Si tout va bien nous serons à Portland, Maine, jeudi où nous nous arrêterons quelques jours pour profiter des charmes de cette ancienne capitale de la pêche hauturière qui s'est depuis considérablement tournée vers les arts et la culture.
Bien sûr, nous aurions préféré prendre plus notre temps et mieux visiter la côte américaine mais la pandémie et les manifestations anti-racismes qui déchirent actuellement les communautés ne rendent pas les visites attrayantes.
Au moins le Maine a été relativement épargné par la pandémie et on espère manger dans un vrai restaurant où le serveur ne porte pas de masque en offrant le menu au bout d'une perche de deux mètres!
Newport, Rhode Island
09 June 2020 | Gooseberry Island
Francoise Goes | Beau, 24°C

Nous étions en mode petits arrêts le long du Long Island Sound, côté nord du Sound. Je n’avais pas regardé plus que ça quand j’ai fait la route avec ancrage à Gooseberry Island, près de Newport. On est arrivé dans la minuscule baie, entourée de gros rochers. C’est là qu’on a vu toutes ces maisons cossues, des petits châteaux ...
Newport, c’est un des endroits où j’aurais voulu arrêter. On peut visiter des richissimes demeures des grandes familles tel que les Vanderbilt. On avait déjà visité celle de Hyde Park, au nord de New York, mais à Newport, c’est un abondance de ces belles demeures: The Breakers, Chateau-sur-Mer, Chepstow, The Elm, Hunter House, Isaac Bell House, Kingscote, Marble House et Rosecliff.
Pandémie oblige, ce ne sera qu’un arrêt d’une nuit. Le lendemain, comme on tourne la pointe, je m’aperçois qu’on était juste à côté des grandes « mansions ». Comme nous avons un bon signal, je fais la visite virtuelle de ces demeures célèbres. Ce sera tout pour cette fois-ci!
www.newportmansions.org
Un malheur n’arrive jamais seul
06 June 2020 | Port Jefferson, Long Island, NY
Francis | Ça sent l’orage...

Une notion fondamentale en santé-sécurité est que derrière chaque accident majeur se cachent de nombreux écarts aux normes. C'est un peu ce qui s'est produit aujourd'hui.
Notre départ ce matin depuis Port Jefferson à Long Island, New York pour la rivière Connecticut se déroulait avec la routine habituelle: Françoise à la proue qui remonte l'ancre et moi à la barre qui avance lentement le bateau au fur et à mesure que la chaîne remonte. Je dois tirer de temps en temps la corde qui actionne la bascule dans le puits d'ancre pour éviter que la chaîne ne s'empile.
Mais cette fois je ne sens pas le poids habituel de la chaîne quand je tire.
- " Françoise, on va devoir retarder notre départ de dix ou quinze minutes "
Ah! Le bel optimisme!
La plaque en bois sur laquelle est vissée la bascule s'est fendue et tout le système s'est arraché. Une bonne demi-heure pour revisser le tout à bout de bras couché sur la chaîne rouillée, je ressors du puits d'ancre et mes pieds sont dans l'eau! La pompe de l'arrosoir de pont tourne sans arrêt: il y a une fuite derrière un des tiroirs de l'établi avant. Un des collets de serrage en inox sur un joint de tuyauterie a rouillé suite à un égouttement d'eau provenant du pont et qui date depuis longtemps.
Quelque jours plus tôt j'avais détecté cette intrusion d'eau et j'ai étanché le nable de l'arrosoir. J'avais probablement tiré trop fort sur le tuyau quand j'ai refait les connections et le joint a lâché sans que je le sache.
On éponge le tout et on repart. Il n'y a aucun vent et le détroit de Long Island est calme, Françoise va assécher le tout en cours de route.
À peine dix minutes après notre sortie dans le détroit Françoise me crie:
- " On retourne tout de suite, j'entends grésiller sous le plancher, ça fume et ça sent le brûlé ! "
- " Arrête le ventilateur "
Je l'avais réparé la veille et je soupçonnais un court-circuit. Mais le grésillement continuait ainsi que l'odeur de plastique brûlé. Ni une ni deux, on coupe tous les circuits électriques non-essentiels et on retourne à Port Jefferson où on s'ancre au même endroit.
À force de recherche (c'est remarquable comment on peut trouver la source d'une odeur aussi particulière avec seulement notre nez), on trouve la source dans la couette de fils qui alimente les prises électriques et les ventilateurs de la cabine avant. Le tout bien caché sous le plancher. On avait même démonté tout le lit de quart (une demi-heure et plus de trente vis) pour constater que ça n'avait servi à rien! Pas de couette. Elle passait sous le plancher.
Les sertissages, probablement faits il y a plus de trente ans sur le chantier durant la construction à Taïwan, n'étaient que recouverts de ruban électrique.
L'eau s'était infiltrée dans la gaine spiralée en plastique et avait causé le court-circuit. Aujourd'hui, un tel montage est interdit mais ces normes n'existaient pas en 1987.
C'est une des raisons pourquoi nous ramenons Mikado à Montréal. Elle mérite une bonne cure de rajeunissement.
Nous sommes prêts pour une nouveau départ demain vers la rive Nord et le Connecticut. En espérant que notre lot de problèmes soit derrière nous...