Deux leçons bien apprises
04 December 2015 | Ft Pierce, FL
Francis, pluie, pluie, pluie
Fort Pierce, FL. 2 novembre, 6h30 du matin.
Le vent du nord-est qui avait soufflé sans arrêt depuis deux semaines s'était enfin calmé deux jours plus tôt, ne laissant qu'un brise de 5 noeuds (8 km/h). La houle au large, qui avait atteint des maxima de plus de 13 pieds en fin de semaine, avait enfin diminué à un supportable 3-4 pieds. Les prévisions météo s'annonçaient favorable avec des vents légers de l'est qui allaient virer au nord-est le lendemain.
Nous avions enfin l'opportunité de sortir de l'Intracostal pour un passage en mer depuis Fort Pierce jusqu'à Lake Worth. Une randonnée de 50 miles nautiques. Si nous voulions arriver à Fort Worth avant le crépuscule, nous devions partir aux premières lueurs du jour. Nous levons donc l'ancre à 6h15 et nous nous engageons dans la passe de Fort Pierce. Françoise est à la barre.
Comme d'habitude, nous avions vérifié les marées la veille et les tables nous indiquaient un jusant (marée descendante) avec un fort courant de 4 noeuds. Tout va bien dans la passe jusqu'au moment où nous arrivons au bout des jetées: la houle venant du large rencontre le courant de marée et créé des vagues creuses de plus de 3 mètres. Le bateau rue comme un cheval fou mais avance malgré tout. On ne pouvait voir les vagues à partir du chenal. Le seul indice était un bateau de pêcheur qui apparaissait et disparaissait derrière les vagues. On se dit que pour une sortie plus confortable, on aurait du attendre au moins l'étale de marée. Première leçon apprise.
La portion difficile couvre une distance de 50 mètres. On peut voir la mer plus calme un peu plus loin, on y est presque...
Tout à coup, le moteur a des ratés. Françoise lance un "Oh non !" désespéré alors que le moteur rend l'âme.
Heureusement, le courant de marée nous pousse vers le large. Pour s'assurer qu'on s'éloigne du rivage (toujours dangeureux), on déploie le foc et je descend en bas pour examiner le moteur mais je savais déjà la cause de la panne: de l'air dans les lignes à fuel.
Une partie de ma routine à notre arrivée chaque soir est de vérifier le niveau de diesel dans les réservoirs. J'avais noté la veille que le réservoir babord n'avais plus que 70 litres (au quart plein) et je m'étais dit qu'à 50 litres, il était temps de changer de réservoir. Mais j'allais le faire le lendemain soir. Erreur ! Le moteur tirait de l'air du réservoir à chaque ruade et il n'en fallait pas plus pour qu'il s'étouffe.
J'avais beau tenter de saigner les lignes mais avec la houle, je commençais à avoir le mal de mer. Heureusement Françoise avait pris un comprimé de Bonine avant de partir et était en pleine forme.
Après une heure de tentatives infructueuses à démarrer le moteur, nous n'avions plus de choix: appeler Tow Boat US pour un remorquage. Ned est arrivé à 9h30 et avec son petit hors-bord de 400 chevaux, il nous a ramené à la marina Harbortown de Fort Pierce sans encombre.
La deuxième leçon: ne pas s'aventurer à moteur dans des vagues creuses avec un réservoir presque vide. On le saura... la prochaine fois.
... et notre prochain trajet, ce sera par l'Intracostal qu'on le fera.