L'approvisionnent à Cuba ou l'art de la patience
25 January 2016 | Puerto Esperanza, Cuba
Francoise, nuageux, 20 degs C
En prévision de notre séjour, nous avons accumulé un large stock de denrées car nous savions que l'approvisionnement dans les Caraïbes est problématique. Nous avions fait une grosse épicerie en Floride en prévision de plusieurs mois de navigation, complétées par des conserves-maison préparées à l'avance.
Avec l'approche de la traversée, on fait la lecture des guides et on tombe sur les restrictions: pas de légumes ou fruits frais, pas de viandes fraiches, pas de produits laitiers, surtout pas d'oeufs. À les entendre, il n'y aura beaucoup de frais sur le bateau! En fait on n'en garde que très peu: pommes, céleri, patates, courges, oignons. Mais on ose pas trop: on a l'expérience avec les Américians à une époque où on osait rien entrer aux USA!
Durant notre entrevue avec les représentants du ministère de l'agriculture de Cuba, on nous dit tout le contraire: on aurait pu venir avec pas mal de choses. J'ai compris par là que leur backshish serait nettement plus intéressant si je leur avais donné l'opportunité! (Ils nous ont seulement demandé des "cadeaux"... autrement dit, on a eu le tarif minimal).
L'épicerie Métro à Cuba? Plutôt un petit marché avec des étals de légumes et de fruits, la qualité pas extraordinaire, seulement ce qui est local et de saison: oignons, ail (pas les têtes complètes), tomates, quelques légumes racines, aubergines, poivrons, chou, carottes, plantains. Les fruits: ananas, petites bananes, guava, mangues, limes.
À notre arrêt à Puerto Esperanza à 150km à l'ouest de la Havane, nous n'avions pas eu la permission du représentant local de rester à terre, mais 3 gentils garçons nous ont fait l'épicerie à notre place: une douzaine de petites tomates, autant de petits poivrons, 5 grappes de petites bananes (env 8 chaque), 6 petits ananas et 12 petits pains individuels (pas de première fraîcheur, ils ont tenu 3 jours, jetés après moisissure). Aussi 6 petits poissons genre sardines (1 souper pas mangeable, ont pris le bord assez rapidement). Le tout pour environ 50$! Pas de spéciaux ici!
A Cuba, ils manquent de beaucoup de choses. On ne peut obtenir que difficilement des oeufs, du pain, riz, des fèves sèches (rouges ou noires), du sucre, du café. Impossible de faire son pain si on n’a pas emmené la farine avec soi, car impossible à trouver ici. Chaque citoyen a droit à sa ration de farine mais elle suffit à peine à combler les besoins quotidiens de chacun.
Nigel Calder, navigateur anglais très connu, l'avait bien dit dans son guide: amenez suffisamment de provisions pour remplir le bateau jusqu'au plafond. Il avait bien raison! La seule chose que les navigateurs (pas les locaux...) trouvent facilement c'est le rhum! Le petit mickey de 350ml ne coute que 5$ et constitue un excellent moyen d'échange pour de belles langoustes.
Celles-ci sont si abondantes qu'on en vient même à refuser celles offertes gratuitement par les pêcheurs, tellement qu'on est tanné d'en manger. La vie est dure...
Ah oui, j’oubliais : le même guide suggère que si on manque de provision, d’aller faire le plein aux iles Cayman, juste un passage de 2 jours aller et 2 jours retour !