Étonnant comment on perd vite nos réflex. Deux semaines d'attente à Salinas nous ont vite fait oublier les précautions à prendre avant un passage, même relativement court. Une fois tourné la pointe de Punta Calderas, les fortes vagues et le vent de quinze noeuds ont vite eu raison de l'estomac de Françoise qui n'avait pas pris son médicament anti-nauséeux. Après quinze heures de navigation difficile et plusieurs bords pris contre un fort courant de un noeud, nous sommes arrivés devant la marina Zar-Par. L'entrée à de quoi intimider: un canal discret (mais bien balisé) au pied des gros cargos qui vont et viennent sans arrêt dans cette zone franche de la République Dominicaine.

Nous avions beaucoup d'appréhension à venir ici. Nous avions pris connaissance sur le site de noonsite.com de rapports inquiétants d'agressions de navigateurs dans la marina et même de collisions de bateaux en mouillage avec des plaisanciers locaux en étât d'ébriété. Mais la direction de la marina avait rehaussé de manière impressionnante la sécurité avec des gardiens qui faisaient la tournée des bateaux. L'un deux m'avait même gardé sous le feux de sa puissante torche pendant que je grimpait sur le mât en fin soirée afin de taire une drisse qui claquait.

La ville voisine de Boca Chica (la petite bouche) est un mélange typiquement dominicain de cacophonie musicale, de joie de vivre tonitruante, de circulation de casse-cous qui rappelent Montréal (les motos remplaçant les voitures). Françoise a même reçu en allant à la buanderie des commentaires désapprobateurs de monsieurs qui n'appréciaient pas sa robe sans manches. Les filles qui se baladent avec des jeans et t-shirts TRÈS moulants par contre passent quasi inaperçues... parce que leur t-shirts ont des manches, j'imagine? Le monde est fou!

Mais la chica est sûrement sourde, à force d'entendre à journée longue la musique salsa forte à crever les tympans qui sort de chaque commerce, comme si une compétition avait cours entre voisins à savoir qui joue le plus fort.

Après quatre jours de cacophonie, nous étions très contents d'avoir une météo favorable pour nous rendre à Isla Saona, dernière escale dominicaine avant notre passage dans l'infâme Canal de Mona.

Au prochain épisode